Voyage en Arménie

Vue de Yerevan depuis Cascade
Ce voyage en Arménie, finalement ça fait plus de six ans que je le prépare dans ma tête, que je rêve de ce pays au travers des différentes lectures que j'ai pu accumulé tout ce temps...Deux ans d'INALCO au département d'arménien et me voilà fin prêt, pensais-je, pour affronter le pays et apprécier au mieux. Franchement j'angoissais juste pour le vol, ma grande phobie de l'avion..., mais pour le reste: la langue, les codes culturels et politiques n'ont aucun secret pour moi. J'étais même tellement sûr de moi que je me vantais de connaitre "bien" le pays.
      L'Arménie: premier pays à avoir adopté le Christianisme comme religion d'Etat, la troisième grande diaspora du monde, civilisation riche de plus de trois mille ans ( khatchkars, monastères, paysages montagneux à couper le souffle), Haghbat, Sanahin, Vagharshapat, Tatev, Noravank, Sevan...Autant de noms qui évoquent des périodes fastes de l'histoire de l'Arménie et puis Yerevan, la capitale lumière, sa place de la République, ses fontaines, l'Opéra lieu de toutes les résistances et Cascade...Mais voilà des images fictives, comme de la poudre aux yeux, un mythe du "Yerkir Hayastan", bien entretenu par des partis politiques en exil, qui parle d'une Arménie qui n'est pas l'Arménie, si tentée qu'elle ait jamais existée...
      Bref, la dillusion totale et la perte de tous mes repères, voilà ce qui m'a attendu une fois le pied posé sur le sol arménien, par une chaleur étouffante de plus de 40° C. Pourtant tout avait bien commencé, embarqué sur Armavia, je goûtais pendant le vol à un vin arménien pour me mettre en condition mais arrivé à l'aéroport de Zvartnoc', la réalité m'a rattrapé: les arméniens parlent une langue que j'ai énormément de mal à comprendre et puis l'arnaque à tous les étages, pour le visa, pour le change, ici dès que tu es étranger tu es forcément une pompe à fric et ça sera tout le temps comme ça. D'entrée de jeu, je comprends que ce pays n'est pas prêt au tourisme international, rien n'est fait pour, tout comme pour l'accueil des touristes. On me dévisage, on me rejette parfois ou on m'ignore le plus souvent et ça le restera tout le temps que je passerai à Yerevan.
Vue de mon appartement à Bangladesh
      Recueilli par la famille qui m'héberge, je retrouve dans le quartier Bangladesh de Yerevan, nommé ainsi car il est un peu excentré par rapport au centre-ville. Les premières images que j'ai de Yerevan sont terribles: des casinos qui longent l'unique route de l'aéroport à la ville, je passe à d'immenses tours, des barres comparables à celles de la banlieue parisienne, aux routes défoncées, de la poussière partout et des quartiers qui oscillent entre pauvreté et petits traffics ( la mafia arménienne n'est jamais loin), avec en bande-son, de la variété russe.
On est effectivement très loin de l'image que je pouvais me faire de l'Arménie!!
Par contre la famille est très gentille et avenante, même s'ils ne parlent pas un mot de français ni d'anglais, j'arrive à me faire comprendre, j'offre les cadeaux et on sabre une bouteille de champagne!! Hey je représente la classe à la française quand même!!^^ En tant qu'étudiant en interculturel, j'ai pu de suite expérimenté les petits mécompréhensions et autres subtilités linguistiques de l'arménien: on ne demande si  je veux "loghanal", ce qui littéralement signifie "se baigner, nager", je dis oui bien sûr ( je croyais qu'ils évoquaient une baignade au lac Sevan) mais que ca fait bien longtemps que je ne me suis pas baigné. Seulement "loghanal" a un double sens que j'ignorais et qui signifie également "prendre une douche", bref j'ai détendu l'atmosphère et tous s'en sont bien amusés.

     Yerevan et ses alentours

Hyussisayin Boghoda
      Là commence alors la première partie de mon voyage, centrée sur Yerevan et les alentours. En arrivant en Arménie, j'avais plusieurs objectifs: celui de découvrir le pays, visiter les endroits si connus à mon coeur et si chers, mais aussi rencontrer des arméniens, voir le pays tel qu'il est vraiment et faire une enquête sur une communauté religieuse très décriée en ce moment sur place, celle des témoins de Jehovah. Les quelques premiers jours, je me balade dans la capitale, je la découvre, je la sens, je la visite. Je rends au musée de l'écrivain Tcharents, à celui de la Gallerie Nationale (où je reste fasciné devant la collection de peintures de Gevorg Bashindjaghian, définitivement MON peintre préféré arménien) et à celui du musée d'Histoire, où j'ai adoré la reconstitution en maquette du site d'Ani et de la cathédrale de Zvartnoc'. Je visite quelques églises forcément, dont celle St Sarkis, St Katoghiké, l'immense cathédrale toute neuve St Grégoire l'Illuminateur et le marché couvert Goy. Evidemment, je me rends au Matenadaran, la bibliothèque nationale, où je suis en extase devant les manuscrits de Ghazar Parbetsi, Movses Khorenatsi et les enluminures des évangiles de Cilicie. Devant l'Opera, je me remémore les grandes manifestations populaires, celle de 1978 pour la défense de la langue et de l'alphabet arménien contre la cyrillisation de l'arménien et celle de 2008 après les élections de février, place de la République, l'avenue du Nord ( Hyussissayin Boghoda) et Cascade, d'où on peut avoir une vision d'ensemble de la ville.
Place de la République
      Mais à dire la vérité, j'étais profondément déçu du pays et de cette ville. En plein coeur de Yerevan, les rues sont défoncées, sales, pleine de poussière, bien sûr il y a plein de boutiques de luxe, de marques mais il manque une âme à cette ville. Je n'ai jamais ressenti le poids de l'histoire de la ville, comme si fut le cas à Istanbul, Tbilisi ou Dublin. Tout est artificiel, superficiel, et le meilleur exemple est l'avenue du Nord, la plus belle rue de toute la ville mais désespérément vide.
Cascade est un grand et beau monument à mon avis mais, par sa décoration, il a bien plus des accents iraniens, voire assyriens, qu'arméniens. Dans l'ensemble, il y a à Yerevan moins d'influences russes, comme on se plait à le dire en Diaspora, que d'influences turques et persanes. J'étais terriblement déçu de Yerevan parce que je m'attendais pas à trouver cette ville comme ça, j'imaginais autrechose. Et c'était sans compter les moyens de transport: les makhtchoutkas. Une multitude de minibuses qui vont dans tous les sens et dans toutes les directions, avec très peu d'organisation apparente. Un vrai bordel que je n'ai toujours pas réussi à comprendre, même les yerevantsi s'y perdent eux mêmes donc... Et ne cherchez pas une station il n'y en a pas, ils s'arrêtent en moyenne tous les 100 mètres et peuvent vous déposer chez vous pratiquement.
      Par contre un des points positifs, c'est la présence de 2700 fontaine dans toute la ville, ce qui fut franchement bien venu par cette chaleur étouffante.
Cascade
      Dans la famille ça se passe très bien, j'essaie tant bien que mal de comprendre et de me faire comprendre, je leur apprends quelques mots de français et d'italien!! Les repas sont toujours des moments très festifs où on s'amuse beaucoup, la nourriture est délicieuse: panir, lavash, dolma, dzmerrouk et café!! Ici on boit peu de vin mais beaucoup de vodka et de cognac, production locale mais ca me va aussi!!

      La première partie de mon voyage a aussi été celui d'une enquête chez les témoins de Jehovah arméniens et ils sont très nombreux, surtout concentrés à Yerevan et donc j'ai pu rencontrer une multitude de fidèles, assister à des réunions, participer à un de leurs congrès et interviewer le responsable de la WatchTower Society en Arménie*. Cette enquête pourrait être le point de départ d'un travail sociologique fort intéressant, vu le nombre d'informations que j'ai pu glaner en quelques jours et je regrette de ne pas avoir pu toujours bien comprendre ce que j'entendais car je crois que je suis passé à côté de certaines choses d'un intérêt certain.
La cathédrale d'Echmiadzin
      Durant cette première partie, je me suis rendu sur le plus grand haut-lieu d'Arménie, celui de Vagharshapat ou Echmiadzin, le centre spirituel de tous les arméniens. Echmiadzin se compose de trois édifices religieux majeurs: les églises de St Hripsimé et St Gayané, du groupe des 40 vierges chrétiennes massacrées par le roi Terdat avant sa conversion, et la cathédrale de Dadi Vank, où se trouve l'évangile d'Echmiadzin. J'ai été particulièrement impressionné par l'église de St Gayané, où j'ai ressenti une vraie émotion. Mais j'étais aussi à Echmiadzin pour une autre raison: prendre des photos d'un khatchkar dit "amenaprkich", car il symbolise la décrucifixion du Christ, et qui se trouve à Echmiadzin. Mais voilà, alors que le khatchkar est très connu et se retrouve dans tous les livres d'art traitant du sujet, personne sur place, ni habitants ni vartapets, n'a su me dire où il se trouvait et ce n'est qu'au bout d'une heure que j'ai pu enfin le trouver.
Khatchkar "amenaprkitch"
Ce khatchkar, datant du XIIIème siècle, est un pur chef d'oeuvre d'autant plus qu'il n'y a en Arménie à ma connaissance que 5 khatchkars "amenaprkitch". J'étais assez triste du manque de culture des arméniens sur leur propre culture mais c'est un fait qui allait se confirmer tout au long de mon voyage.
      De Echmiadzin, j'ai fait une halte au site de Zvartnoc', sur les ruines d'une basilique datant du VIIIème siècle, fondée par le katoghikos Nerses III, mais dont il ne reste debout que les colonnes. Sur place il est assez difficile de s'imaginer combien pouvait être imposant cet édifice et pourtant , en son temps cette basilique était une merveille.
    Un nouveau weekend commençant, je me suis décidé à goûter à la vie nocturne yerevanaise et effectivement, comme le chante Harout Pamboukjian "géghétsik é im qaghaqe, manavand gisherov - magnifique est ma ville, surtout la nuit". Des lumières de partout, des températures adoucies, un show sonore de fontaines magnifiques, des arméniennes sublimes et une grosse envie de faire la fête, je me serai presque réconcilié avec l'Arménie. C'est ainsi que se termine cette première partie.
La basilique de Zvartnots

      La deuxième partie est placée sous le signe d'une rencontre: celle de l'Arménie historique, celle des lieux mythiques qui ont fait l'histoire de la nation arménienne, celle des monastères. Cette partie est d'autant plus intéressante car ayant bien étudié depuis deux ans beaucoup de monuments pour mes cours d'histoire de l'art, me voilà sur le terrain, face à eux.
La tombe de Mesrop Mashtots


Premier lieu: Oshakan. Oshakan est une petite ville maintenant et l'église qui fait son intérêt est un peu en retrait mais possède au moins deux trésors de l'art arménien: la pierre tombale des Amadouni, dont je rapelle qu'une partie de la famille a migré au VIIIème siècle vers la région de la mer Noire, ancêtres des Hamshens actuels; c'est là qu'il y a une multitude de khatchkars en forme des lettres de l'alphabet arménien mais surtout la tombe de Mesrop Mashtots, l'inventeur de l'alphabet. C'était vraiment pour moi un moment très émouvant. Puis visite de la ville d'Ashtarak. Le lendemain, deux sites vraiment incontournables de l'histoire arménienne: le site de Garni, qui abrite l'unique temple païen de toute l'Arménie, d'inspiration grecque, il a été reconstruit dans les années 60 je crois mais date du IIème siècle avant notre ère. Le cadre du site est assez hallucinant, un paysage de montagnes et de vallées profondes. Une petite chorale a interprété le "notre Père" dans le temple et un joueur de duduk a achevé d'illustrer la visite.
Monastère troglodyte de Geghard
Puis vint le monastère de Geghard, dit de la Lance. Là aussi le cadre est fabuleux, en haut d'une montagne, le complexe se compose de deux parties: l'une dite troglodyte et l'autre plus classique. Malgré les nombreux touristes, j'ai pu ressentir toute la puissance du lieu, un des symboles de la résistance arménienne du clergé.
Le lendemain, excursion au tour du lac de Sevan, le seul lac de toute l'Arménie. Bien que la journée fut placée sous le signe de la détente, j'ai pu quand même visité trois sites importants: Sevanavank, où se trouve un complexe monastique de premier ordre, tout en haut d'une colline escarpée. Pour la petite histoire à l'époque l'eau arrivait jusqu'à hauteur des monastères, aujourd'hui elle se trouve presque 20 mètres plus bas. Puis ensuite le site de Hayravank, dans une même configuration que celui de Sevanavank et enfin en début de soirée, visite du cimetière de Noraduz: des khatchkars à perte de vue , certains vieux de plusieurs siècles, essentiellement entre le VIIIème siècle et le XVème siècle. Le jeu d'ombre des rayons du soleil a donné lieu à de très belles photos.
Sevanavank
      Deux jours à Spitak, dans le comté du Lorri, pour prendre toute la mesure d'une ville complètement ravagée par un terrible tremblement de terre en 1988 et dont on sent encore les traces plus de 20 ans plus tard.
Le cimetière de la ville est rempli de tombes d'enfants morts ce 6 décembre 1988. On voit encore l'église reconstruite tout en tolle grise juste après le séisme et quand on gravit un peu les montagnes, on peut constater que la ville s'est très nettement allongée, pour créer une ville nouvelle, faite de maisons en préfabriqué qui devaient être seulement provisoires mais qui perdurent toujours. Et un peu plus loin on trouve le centre ville complètement neuf, très beau mais qui contraste avec l'autre partie de la ville, encore en ruines, où vivent beaucoup de gens. C'est l'image de la ville de Tchernobyl qui m'est revenu en tête quand j'ai découvert ce petit parc pour enfants, dont les structures de jeu sont rouillés et laissés à l'abandon depuis 1988. On voit encore des affiches de l'époque. Ici la vie n'a jamais repris, les gens sont juste partis et ceux qui sont restés ne travaillent pas à Spitak même où il n'y a pas de travail mais dans les villes aux alentours.

Le site de Haghbat

Khatchkar "amenaprkich" à Haghbat
     Mon voyage m'a emmené le jour suivant à Alaverdi, près de la frontière géorgienne et dans les sites monastiques d'Haghbat et Sanahin. Haghbat justement où a été tué le poète et troubadour symbole de ce blog: Sayat Nova. Plus personnellement c'est là que se trouvait mon troisième et dernier khatchkar "amenaprkitch". Le site monastique d'Haghbat est un des mieux conservé de toute l'Arménie, il y aurait tellement à dire que j'y consacrai dans un avenir proche un article spécial. Sanahin est très beau aussi mais dans un état de conservation très inquiétant et a fait l'objet durant l'été d'une polémique et d'un scandale dans le pays, entre les autorités civiles et les autorités religieuses. La ville d'Alaverdi est vraiment à faire, car même si elle ne présente en elle-même rien de particulier, c'est une ville industrielle, très soviétique dans sa conception, par contre le paysage est à couper le souffle. Visite à Dsegh de la maison-musée de Hovhannes Tumanyan, certainement l'auteur arménien le plus célébré comme chantre de la nation arménienne. Mais l'intérêt là était un khatchkar datant du XIIIème siècle, lui aussi "amenaprkitch".
Une dernière excursion vers Talinn et Amberd pour complèter la découverte du Nord de l'Arménie: à Talinn un monastère éventré qui permet de bien voir comment est faite la structure de l'édifice et Amberd pour le lieu, à une demi-heure de voiture de route à travers la montagne de l'Aragatz, sur les hauteurs culmine une ancienne forteresse en partie en ruines, à laquelle est adossée une petite église du XIVème siècle. Sur le chemin du retour, j'ai croisé une petite communauté de bergers yézidis sur lesquels on pourrait faire une expertise culturelle car bien que kurdes ethniquement, ils ne sont pas musulmans mais païens, adorateurs du soleil, et portent des noms arméniens, parlent arméniens et vivent pour la plupart dans les montagnes.
La cité médiévale d'Amberd


Cette deuxième partie s'achève de nouveau à Yerevan, pour quelques jours pour faire la rencontre d'arméniens, de tout âge et de toute condition de vie sur les thèmes de la Diaspora, de l'avenir de l'Arménie, la vie dans le pays, et le constat est amer: ils éprouvent une vision amère d'une Diaspora qui, selon eux, se fiche de leur condition, de leur vie. Ils lui reprochent de trop s'investir au Karabagh, oubliant la Mère Patrie, de ne pas parler et agir que sur la question du Génocide, ne faisant pas assez pression sur le gouvernement pour développer la démocratie et les libertés dans le pays; une réalité frappe le visiteur, celle de la pauvreté et celle-ci conduit irrémédiablement les arméniens à tous vouloir quitter le pays, pas un que j'ai rencontré n'a pas songé au moins une fois à quitter l'Arménie, pour ne jamais vouloir revenir.

        Fin de voyage


Vue de Khor Virap
Il semble pour les gens que le pays est condamné à la misère, comme une malédiction jetée sur cette terre. La guerre du Karabagh est aussi au centre des inquiétudes car l'Arménie vit dans un état d'alerte permanent quant à la reprise des hostilités avec le voisin azéri. Plusieurs personnes de l'armée, parfois haut placées, m'ont avoué que régulièrement les autorités mentaient sur le nombre de morts sur la ligne frontalière entre les deux nations et que les morgues étaient remplis de jeunes tués au "non-combat", vicitimes d'un nationalisme aveugle. Beaucoup de jeunes fuyent aussi le pays pour éviter le service militaire ou bien préfèrent aller en prison pour ne pas être envoyés "à la mort". C'est une réalité aussi de l'Arménie aujourd'hui. Je ne peux pas, ici, ni citer de noms, ni révéler tout ce qui m'a été rapporté sans mettre en danger quelques vies mais la situation est très inquiétante.

Cimetière de Noraduz
Et ça sera finalement ça ma conclusion de ce voyage: un pays très pauvre, pas du tout préparé à un tourisme international, qui ne serait pas d'origine arménienne, pourri par la corruption et les traditions soviétiques, qui se vide inexorablement de sa population, et qui accueille tous les excès avec d'un côté des "très riches" qui exhibent leur richesse (les gros 4x4, les belles fringues, les signes extérieurs de richesse en quelquesorte) et d'un autre côté les autres, pauvres ou très pauvres pour la plupart. Il faut savoir qu'en Arménie, plus de 30% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. Mais au-delà de toutes ces difficultés, j'y ai trouvé un peuple attachant, hospitalier et profondément généreux. La culture arménienne n'est pas encore tout-à-fait morte mais elle va mal c'est sûr. Cependant il reste un espoir, l'Arménie doit se réveiller tant qu'il est encore temps...

Moi entouré de la famille et d'amis